15 mars 2006

Emmigrations urbaines


©KLL

Tous les soirs c'est ainsi. Comme une migration obligatoire, fuir Paris, sa banlieue nord, la défense pour le 95. Eldorado rêvé, de vert vêtu, retrouver une maison, un pavillon, coucher le HLM vertical à l'horizontal. Sans se douter que le mal est plus profond, que tes enfants seront encore plus loin de tout, de tous. Que la misère sera aussi culturelle, que tu t'en aperçoives ou non.
Mais as-tu le choix ? Pas fils de chirurgien à Saint-Germain, tu n'as rien et t'accroches à peu.

Et nos "gouvernants" de nous mener dans le mur sous prétexte de modernité, de nécessaire et saine concurrence :

Acte 1 : mise en concurrence des services publics (ce dont personne ne peut se passer).
Acte 2 : privatisations de pans entiers de ces services, au nom de la liberté du consommateur, d'une concurrence nécessaire et utile... bla bla bla...
Acte 3 : Monopole privé des mêmes services, 2 distributeurs pour l'eau, demain le gaz et l'électricité, la poste, la SNCF, la sécurité sociale, les écoles...
Acte 4 : Tu n'as plus le choix, tu payes plus cher ce qui hier était le monopole de l'état. Tu t'aperçois trop tard que l'eau, le gaz ou l'électricité ne sont pas des produits. Le chantage commence ou plûtot continue.
Acte 5 : Il faut créer le nouveau salarié conforme à ce nouveau monde, salarié bic, jetable, jeune deviendra vite vieux, précaire à vie.
Acte 6 : Tu vis dans une dictature économique, la démocratie n'est plus qu'un prétexte. Prétexte encore trop gênant pour nos libéraux. Le CAC 40 dicte la loi, ses lois.

Le vautour capitaliste de rêver à un monde encore plus "dérégulé", sans syndicats, sans intervention de l'état, sans rien. Le capitalisme financier est un fascisme "propre". Il tue en silence, broie des vies entières, asphyxie les 2/3 de la planète, anesthésie le tiers restant.

Et les bourgeois, vieille école ou néo-bobo, continuent de s'empiffrer sans vergogne. Rien de trop cher, de trop beau, de trop loin. La mondialisation est une aubaine.

Où sont les socialistes ? Qui parlent de re-nationalisation, de sortir d’une « Europe », prétexte au grand capital ?

Tenir, tenir, résister.

KLL

Lectures : Le Cercle fermé de Jonathan Coe
Putain d'usine de Jean-Pierre Levaray
Le mythe bolchevik de Alexander Berkman

Bande son : "Dead end Street" - The Kinks - 1966 -

"...We both want to work so hard,
We can't get the chance,
(Dead end!)
People live on dead end street.
(Dead end!)
People are dying on dead end street.
(Dead end!)
Gonna die on dead end street..."

PS : Merci à Monsieur Patrick Eudeline pour son interview de Mister Ray Davies in Rock&Folk de ce mois pourri.

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