21 mars 2006

Le meilleur des mondes

Les clefs du monde "moderne" ont été données aux comptables et autres statisticiens. Aussi tous les jours dans mon boulot, au sein d'une très grande administration, aux mains d'un tout petit homme; de nouvelles procédures sont mises en place par ces personnes. Pour tout et n'importe quoi. Des procédures, des outils logiciels ou papier que personne n'aura ensuite le temps de vérifier objectivement, de contrôler. Et des chiffres de sortir d'on ne sait où, invérifiable. En attendant cela aura l'apparence du sérieux, de l'irréfutable. Et nos "dirigeants de se gausser de pourcentages, chiffres, comptes, tous véritablement faux. Le pire est que toutes ces procédures nécessaire à l'outil statistique, paralysent tout et tous, nul ne prend plus d'initiatives. Ces nouvelles règles gèlent l'action et le nécessaire résultat qui en découle. Personne n'y comprend plus rien, l'usine à gaz se complique encore. Les cadres à l'origine de ces règles se foutent du résultat, seul compte l'objectif chiffré, le tableau, le camembert excel, les chiffres...
Ils auront beau jeu ensuite de dire que l'administration doit intégrer le mérite dans son fonctionnement. Le comptable a gagné, dans le secteur privé comme dans les services publics. Ces connards, imbus d'eux-mêmes et de leurs études nous prépare le meilleur des mondes. Sans moi et quelques autres.

KLL

15 mars 2006

Emmigrations urbaines


©KLL

Tous les soirs c'est ainsi. Comme une migration obligatoire, fuir Paris, sa banlieue nord, la défense pour le 95. Eldorado rêvé, de vert vêtu, retrouver une maison, un pavillon, coucher le HLM vertical à l'horizontal. Sans se douter que le mal est plus profond, que tes enfants seront encore plus loin de tout, de tous. Que la misère sera aussi culturelle, que tu t'en aperçoives ou non.
Mais as-tu le choix ? Pas fils de chirurgien à Saint-Germain, tu n'as rien et t'accroches à peu.

Et nos "gouvernants" de nous mener dans le mur sous prétexte de modernité, de nécessaire et saine concurrence :

Acte 1 : mise en concurrence des services publics (ce dont personne ne peut se passer).
Acte 2 : privatisations de pans entiers de ces services, au nom de la liberté du consommateur, d'une concurrence nécessaire et utile... bla bla bla...
Acte 3 : Monopole privé des mêmes services, 2 distributeurs pour l'eau, demain le gaz et l'électricité, la poste, la SNCF, la sécurité sociale, les écoles...
Acte 4 : Tu n'as plus le choix, tu payes plus cher ce qui hier était le monopole de l'état. Tu t'aperçois trop tard que l'eau, le gaz ou l'électricité ne sont pas des produits. Le chantage commence ou plûtot continue.
Acte 5 : Il faut créer le nouveau salarié conforme à ce nouveau monde, salarié bic, jetable, jeune deviendra vite vieux, précaire à vie.
Acte 6 : Tu vis dans une dictature économique, la démocratie n'est plus qu'un prétexte. Prétexte encore trop gênant pour nos libéraux. Le CAC 40 dicte la loi, ses lois.

Le vautour capitaliste de rêver à un monde encore plus "dérégulé", sans syndicats, sans intervention de l'état, sans rien. Le capitalisme financier est un fascisme "propre". Il tue en silence, broie des vies entières, asphyxie les 2/3 de la planète, anesthésie le tiers restant.

Et les bourgeois, vieille école ou néo-bobo, continuent de s'empiffrer sans vergogne. Rien de trop cher, de trop beau, de trop loin. La mondialisation est une aubaine.

Où sont les socialistes ? Qui parlent de re-nationalisation, de sortir d’une « Europe », prétexte au grand capital ?

Tenir, tenir, résister.

KLL

Lectures : Le Cercle fermé de Jonathan Coe
Putain d'usine de Jean-Pierre Levaray
Le mythe bolchevik de Alexander Berkman

Bande son : "Dead end Street" - The Kinks - 1966 -

"...We both want to work so hard,
We can't get the chance,
(Dead end!)
People live on dead end street.
(Dead end!)
People are dying on dead end street.
(Dead end!)
Gonna die on dead end street..."

PS : Merci à Monsieur Patrick Eudeline pour son interview de Mister Ray Davies in Rock&Folk de ce mois pourri.

06 mars 2006

Johnny Cash meets Balzac

Bien essayé d'écouter "autre chose" ces derniers temps... mais sans grand succès. Ce coffret "Unearthed" ramène à l'essentiel, et c'est éprouvant. Nul artifice. L'Homme en Noir me tient et ne me lâchera plus. On parle ici de vie et de mort, de douleur, de sueur et de lutte, de rédemption, de sacrifice. La somme de toute condition humaine. La gorge se noue mais j'y reviens malgré tout, hypnotisé par autant de profondeur. De toute ma discothèque, Johnny Cash est L'Âme. Comme devant la cathédrale de Sienne, écrasé par tant de beauté, l'oeuvre m'apparaît colossale, insondable. Et de pousser la porte de mon grand garçon, couché sur son lit à écouter "American IV. Cela fait du bien. Tel un vieux sage Rock’n’Roll, Johnny Cash ouvre les portes d'un monde intérieur meilleur. Forcément meilleur.

KLL

Bande son : "Solitary Man" - American III: Solitary Man - Johnny Cash